La Restauration de la Renaissance : sauvegarde et projetdans la Lombardie Autrichienne (1748-1848)

GRIMOLDI, ALBERTO
2010-01-01

2010
Le XIXe siècle et l’architecture
9782708408524
On a parlé de “persistance” du gothique en Angleterre. En Italie, il faudrait de “persistance” de la Renaissance. Si dans l’Europe du XVIIIème siècle l’admiration pour les sources du XVIème siècle n’est pas moins généralisée de la redécouverte de l’Antique; si le palladianisme est une référence qui dépasse largement les frontières de la Vénétie, les traditions locales chatouillent l’orgueil municipal et enrichissent le répertoire des architectes: sur l’œuvre de Sanmicheli, les relevés et les éditions de Pompei (1735), de Ferdinando Albertolli (1816), de Ronzani et Luciolli (1823-29) s’étalent sur presque un siècle, des intellectuels des Lumières à l’Eclectisme. Remonter vers le XVème siècle, vers les précurseurs, signifie dans le Royaume Lombardo Vénitien, comme dans le reste d’Europe, de Munich à Paris, accepter une médiation incontournable, face à l’Antique, exploiter un langage plus proche et plus adapté aux besoins du monde du Vormärz: la Renaissance peut être perçue par l’œil rationaliste et universaliste d’un Gottfried Semper, mais il pourrait aussi s’agir d’une perspective régionaliste, qui aboutit à un Heimatstyl conservateur. Celle-ci sera malheureusement l’issue finale, les citations érudites chères au positivisme tardif de Luca Beltrami et des frères Bagatti Valsecchi, la révendication par l’architecture d’une histoire régionale, jusqu’aux tentatives d’apprivoiser l’Art Nouveau. Plutôt que s’entretenir sur ces dernières dérives, il vaut mieux revenir au grand siècle milanais, entre 1748 et 1848, à l’essor des lumières, froides et sceptiques, celles du vieil Empire habsbourgeois, et suivre leur lente paralyse. L’intérêt pour la Renaissance se mêle, dès ses débuts, avec des tâches qu’on pourrait définir de «restauration». Il en est ainsi à Mantoue, où l’abandon du Palais du Te et du Palais Ducal oblige à des réparations très étendues que la foi classique de Paolo Pozzo, dans l’académie rétablie, esquisse dans une perspective de conformité: on reconstruit à l’identique, on se refait au même langage. L’occasion majeure est l’accomplissement de la basilique de Saint André, commencée par Alberti. Son plan avait changé à la moitié du XVIème siècle, au début du XVIIIème on avait entrepris une transformation baroque, dès 1733 on commence à bâtir la superbe coupole de Juvarra. Depuis 1780, Paolo Pozzo réussit à imposer des lourdes transformation qui unifient l’intérieur selon les lignes, à son avis, les plus proches à l’origine. Ainsi naît l’actuel intérieur de la basilique, qui reçoit au XIXème siècle les agréments du confort moderne - éclairage et chauffage à gaz -et subit les dernières modifications en 1947. Cette redécouverte de la Renaissance dans l’opinion cultivée, des arts figuratifs à l’architecture, à la fin du XVIII siècle, s’affirme lentement comme alternative à l’épuisement du classicisme académique et s’étend à l’ensemble du Royaume, accompagne l’accroissement de la richesse privée et plus timidement celui des équipements publics. Dans la capitale, à Milan, la basilique de Saint Satyre est restaurée après 1819 et le mythe du Bramante, qui en est l’architecte, et du «Bramantino» inspirent soit une vision nouvelle de l’histoire soit, plus lentement, un recours aux suggestions Renaissance dans les arts appliqués, les intérieurs et la résidence, jusqu’à la construction, après 1860, de l’immense «Galleria». Entre-temps, le retour aux grands maîtres, les démarches puristes, font place à une vision pittoresque. Le langage universel de la Renaissance est remplacé par l’aspiration à un «nouveau style» local, qui fait ses épreuves dans les années Cinquante. Quant au «bramantesco», il demeure une des options les moins rigides avant les détours passéistes de la fin du siècle
Renaissance; XIXsiècle; Lombardie; S.André à Mantoue; revival
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