Une architecture par composants. L'oeuvre d'Angelo Mangiarotti à l'épreuve du temps

F. Albani
2018-01-01

2018
Béton(s) Cahier Icomos France #29
L'œuvre d'Angelo Mangiarotti se déploie dans l'après-guerre. A ce moment, l’architecte réinterprète l’urgence de la Reconstruction en Italie à l’aune du débat européen, en concentrant son projet sur l'usage d'éléments préfabriqués en béton armé, le plus souvent précontraint. Celle de Mangiarotti est une architecture par composants, par parties. Sa conception logico-constructive relève de sa posture de chercheur, une approche qu'il développe avec la même rigueur tant dans le design industriel que dans l’architecture, peu importe si à caractère exceptionnel ou alors plus banale. L’activité de Mangiarotti produit une recherche qui s’étale sur une période de plus de cinquante ans. Il s’agit d’une recherche multiforme, marquée par de nombreuses contradictions, mais aussi très riche en significations, en partie encore inexplorées aujourd’hui. Du regard sur l’actualité de son œuvre se dégage un tableau varié et complexe, qui va de la démolition à la maintenance la plus attentive, respectueuse même. Il s’agit d’architectures qui vieillissent bien lorsqu’elles sont construites de manière particulièrement soignée, sachant que la notion de « durabilité » fait pleinement partie des impératifs du projeteur). Leur destin n’est donc pas lié aux problématiques de vieillissement des matériaux, mais plutôt à une série de jugements préconçus portés sur l’architecture préfabriquée en béton armé, par une lecture qui parfois en dérange la compréhension ne reconnaissant pas la force de thèmes tels que l’expérimentation, la variation dans la répétition, les techniques de construction, ou la coordination modulaire. Leur identité d’ « architecture d’auteur » ne les a pas non plus préservées. Le fait d’avoir été pensées et réalisée par une personnalité marquante du « made in Italy » de la deuxième moitié du XXe siècle, n’a été nullement la garantie d’une attention particulière ; dans certains cas, cela n’a pas suffit pour les sauver de la démolition. Il semble évident donc que la question qui préside à leur sauvegarde) réside dans les significations et dans les valeurs que l’œuvre acquière ou perd dans le temps, autrement dit elle dépend du changement de regard qui s’opère dans ceux qui habitent et vivent ces lieux. On peut observer, dans une multitude de cas, une dichotomie étrange – schizophrène presque – qui s’établit entre l’historiographie qui célèbre ces architectures comme des icônes de la modernité, et le propriétaires qui les démolissent et les transforment de manière radicale. Retrouver la place que ces architecture occupent dans les diverses « histoires » est essentiel pour saisir les enjeux du rapport entre reconnaissance/protection, mais c’est surtout la première étape d’un processus de mise en valeur et sensibilisation de l’ensemble des acteurs impliqués dans les décisions stratégiques sur l’avenir de ces œuvres emblématiques.
Béton, Conservation, Angelo Mangiarotti,
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